Joann Sfar Salvador Dali : Une Seconde avant l'Eveil
Doucement, on décryogénise Dali dans un salon haute couture de la place Vendôme... Chhhhh...
Joann Sfar et son héros artiste Seabearstein rencontrent Dali rue Poulbot à Montmartre... Et du coup, nous aussi.
D'emblée on se laisse prendre dans les arcanes de ce voyage philosophico mystique...
Maintenant seul l'art pourra sauver le monde de l'obscurantisme croissant... et pour réveiller le seul prophète crédible des temps troublés, une étrange expérience se met en place...
Quatre muses nues. L'art. Quelques champignons psychotropiques. Une paranoïa logique et les profondeurs d'âme...
D'une salle à l'autre les lumières changent, en clair obscur, et le regard hésite entre les planches en noir et blanc et l'oeuvre insolente, là, à portée de main. Les deux se répondent tandis que Schiaparelli s'en mêle... On s'emmêle. "Il est d'une immense beauté"...
Va t on réveiller le Maître ?
Qui est réel ?
Le peintre dont l'âme plane ici, on la voit d'ailleurs parfois ? Le sacrilège ?
Le sacré génère t il l'insolence ?
Le dessin et l'art sauveront ils ce monde bien vrillé ?
Que peuvent la culture, la connaissance et l'amour dans ce monde chahuté ?
Une seconde avant l'éveil est un conte philosophique façon BD qui parviendra espérons le à changer la position du curseur. Dali a montré le chemin, Sfar et Seabearstein lui emboitent le pas, suivons les, le temps d'une expo. Ou plus...
J'ai aimé dans cette fabuleuse histoire la démarche de l'auteur qui dans une immense poésie baignée du réel (l'écriture s'est passée pendant les attentats de Charlie hebdo), attise notre réflexion.
Les planches de l'exposition sont en noir et blanc. Tandis que les oeuvres de Dali sont en couleur. Près de 200 planches accrochées judicieusement, et jamais on a l'impression de lire l'histoire. C'est une mise en scène onirique qui est là savamment orchestrée au fil de la déambulation de salle en salle.
Le choix des dessins accrochés est prétexte à regarder les oeuvres originales sous un autre angle. On découvre Sfar, on redécouvre Dali. Un clin d'oeil à Alice. On s'interroge. Tout n'est qu'une question de point de vue, et l'anamorphose met en évidence la relativité des choses...
Cette exposition est brillante et futée, elle m'a donné envie de me replonger dans l'oeuvre de Dali (j'ai toujours été fan !) et des surréalistes, et dans celle de Sfar aussi... A vous d'essayer !