Cèpes : comment réussir une bonne cueillette...
Pas d'automne sans balades dans les bois, cueillettes de champignons et fricassées de cèpes... C'est tous les ans la même chose, et pourtant on part tôt le matin (enfin pas nous, nous le dimanche matin on prend le temps d'un bon petit déjeûner, défi mycologique ou pas) un peu angoissés de peur de rentrer "quenouille" (= bredouille en langage champignon)...
Ce serait trop nul de revenir sans rien.
Alors pour que tout se passe bien, il y a quelques règles à respecter :
Se lever tôt. Un de mes oncles, celui qui nous a "initiés", nous donnait rendez vous sur place avant le lever du jour et on prenait le café dans la voiture, thermos à l'appui en attendant l'aurore. Avec les années on a dérogé à la tradition. On se trouve un "coin à champignons" un peu secret, et on sait que même en y allant l'après midi on reviendra avec notre récolte. Pas de vitesse ni de précipitation, le petit déjeuner, oeufs à la coque et croissants, ça n'a pas de prix...
Bien s'équiper.
Ici, deux écoles.
Déguisement "sous bois" pour ne pas dénoter dans le décor. Bottes Aigle couleur Vert d'eau, pantalon façon camouflage de feuilles, veste à capuche en cas d'ondée versée forêt. On ne va tout de même pas déranger les bois en rose fushia ou en bleu océan, ce ne serait pas "raccord".
Autre version, plus prudente : on s'habille en fluo. Because les chasseurs. C'est qu'on partage tout de même le même territoire... Alors on s'affuble de gilets de secours fluo, façon triangle de signalisation, et on se pare de tout ce qui se voit de loin... On prend aussi un téléphone pour appeler les secours. Surtout s'il fait GPS en cas d'embardée trop profonde en forêt à l'approche de la nuit. Ne s'agirait pas de croiser des champignons garous à l'approche du crépuscule parce qu'on se serait perdus, rien ne ressemble plus à un coin à champignons que le même coin à champignons des kilomètres plus loin. La forêt domaniale française est très vaste, ne l'oublions pas.
Dans l'équipement de base il y a deux ustensiles indispensables : le panier tout d'abord. On proscrit les sacs en plastique. On ne confond pas la forêt avec un supermarché. Même si elle regorge de trésors : champignons, châtaignes, baies...
De plus le panier permet de ne pas écraser les champignons, voire même de les séparer. Il se peut que l'on trouve en même temps cèpes, coulemelles et pieds de mouton, qui sait ?
Autre outil : le couteau. On coupe le pied des champignons et on laisse la base de mycélium sur place. Il se peut qu'il ressorte plus vite ensuite si on ne pille pas son lieu de pousse.
Choisir le bon endroit. On évite le coin à champignons du voisin. Les champignons c'est sacré, on ne marche pas sur les brisés de son prochain. Cela pourrait presque s'appeler du savoir vivre mais cette notion n'est plus en vogue actuellement. Je vous conte une anecdote : ma grand mère, en Sologne, avait son "coin à champignons" et son voisin aussi. Un jour j'ai failli cueillir de magnifiques cèpes dans le périmètre du voisin. Sacrilège. Cela ne se faisait pas et j'ai eu droit à un cours sévère sur les us et coutumes de l'indicible. Il y a des choses qui sont impensables et ne se font pas. Pour rien au mode ma mamy n'aurait ramassé des champignons dans le périmètre virtuellement reconnu comme appartenant à Monsieur Frelon. En revanche Monsieur Frelon ramassait "ses" cèpes, pour les apporter élégamment à ma grand mère, qui savait qu'il le ferait. Cela revenait au même que si elle les avait cueillis elle même mais les circonvolutions de la bienséance demandaient un minimum de réglementation implicite et non écrite.
D'une façon plus actuelle, je vous déconseille de fréquenter les sites convoités ou connus sous peine de voir vos pneus crevés ou vos vitres cassées. On ne rigole pas avec les champignons. Je parle d'expérience, pas la mienne heureusement, mais on m'a rapporté des choses...
Enfin, on ne cueille que les champignons que l'on connait. Pour les connaître on se fait initier par un cueilleur averti et on devient soi même avec le temps, transmetteur de savoir lorsqu'on se sent suffisamment de mansuétude pour livrer à une personne choisie les astuces pour humer l'humus, repérer la lumière, jauger le taux d'humidité, savoir étudier la lune montante...
A la question "faut il donner son coin à champignon", j'ai déjà répondu sous forme d'article ici... Si vous n'aviez pas lu ce billet à l'époque, n'hésitez pas à donner votre propre avis...
A la question faut-il être prudent, y a t il des risques j'ai partiellement évoqué le sujet des chasseurs, mais il y a aussi les sangliers... J'ai raconté cela ici...
Et maintenant... A vous me conter vos histoires de champignons, vos astuces... J'ai hâte d'en savoir plus sur vos propres expériences !
En attendant je file trier notre récolte de ce matin : cèpes, pieds de moutons et coulemelles...
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