Histoires insolites du patrimoine littéraire, Gérard Durozoi

Publié le 12 décembre 2019 par Isa-Marie

C'est un ouvrage délicieux, qui ne ressemble à aucun autre, et à savourer d'urgence... Et un clin d'oeil façon camouflet géant tout en élégance à ceux qui pensent que les livres papier sont en voie de disparition au profit du numérique...

Il s'agit d'une centaine de textes courts, tous plus originaux les uns que les autres, une compilation intelligente et insolite du meilleur de tout ce qui a été écrit depuis que les livres existent. Le meilleur de la crème, donc...

Je vous explique pourquoi c'est mon livre de chevet et je vous invite à le découvrir à votre tour, à l'offrir, le faire circuler. Il est pour les littéraires bien sûr mais aussi pour tous ceux qui croient que la lecture est rasante et que ce n'est pas la vraie vie. Ils vont être étonnés !

Histoires insolites du patrimoine littéraire, Gérard Durozoi

Au Sommaire :

De quelques remarques à propos de bibliothèques
De quelques ouvrages qui inaugurent
Des trésors perdus, parfois retrouvés
Des transformations et détournements de textes
Des supercheries et interprétations discutables
Du succès et des best sellers
De certains jeux de mots et autres pages inventives
Des reations possibles entre texte et images
De ce dont peuvent rêver différentes catégories de bibliophiles

Le contenu
Ce livre est composé de 100 chapitres courts (2 à 4 pages). Chacun présente une des particularités livresques qui composent le patrimoine de l'humanité depuis ses débuts, une somme de toutes les fantaisies écrites. De même que les bibliothèques compilent le savoir en rassemblant les livres, cet ouvrage collectionne les curiosités bibliophiles...

Le style du livre
Il recense la culture littéraire insolite et l'imagination la plus carnavalesque se conjugue avec l'érudition la plus rare.

Les auteurs cités et les références
Il y est question de la bibliothèque d'Alexandrie, donc de celle des Ptolémées, d'Helvétius, de l'Utopia de Thomas More, des manuscrits de la Mer Morte, de la Pierre de Rosette, des encyclopédistes, des surréalistes, du Marquis de Sade, de Voltaire... Impossible de citer toutes les références tellement elles sont foisonnantes.

On y fait le point sur le mythe de la bibliothèque d'Alexandrie, qui avait pour ambition de rassembler tout le savoir universel (ce thème qui revient si périodiquement, et cher à Diderot et d'Alembert ensuite, ou à Bores dans sa Bibliothèque de Babel)... et dont la perte est tragique parce que les textes qu'elle rassemblait étaient uniques, comme notamment la Poétique d'Aristote...

Avec la bibliothèque Pillone, XVIème siècle, il est question de la classification des livres. Ici il est question de l'influence Venise qui peignait l'intérieur et l'extérieur de ses palais, tout comme de ses livres.

La Bibliothèque de Saint Victor, in Pantagruel de Rabelais, dresse une bibliothèque imaginaire, de livres pas encore écrits, et qui donc échappent à toutes les maladresses et imperfections... En fin de chapitre il est question du dépôt légal, instauré par François 1er...

On nous commente l'homme-livres d'Arcimboldo (illustration ci dessus), qui entre autres forme un A, première lettre de l'alphabet et aussi du nom du peintre, je vous laisse découvrir l'histoire de cette oeuvre et la suite...

L'aventure des livres volés
"Pas de livres ou de bibliothèques sans voleurs, les Romains pillaient déjà les collections grecques...". Ici il est question du procès Libri de 1850, avec Guillaume Brutus Icilus Timoléon Libri Carrucci della Sommaia, dont les larcins dans la haute société et pour l'amour des livres le mena à sa perte...

Peut on sauver les textes sans livres ?
Au delà du vol il y a la destruction. Un chapitre aborde cette thématique récurrente, à travers Racine (Louis et Jean) et Fahrenheit 451 et l'idée de sauver les livres, source de connaissance, dans les sociétés totalitaires, en les apprenant par coeur.

Parmi la centaine de thématiques abordées dans ce livre, il est question des premiers livres illustrés, avec le Livre des Morts des anciens Egyptiens, et de la lecture des papyrus grâce à Champollion, de l'"ambranchement des savoirs" par Descartes, des tablettes du Bouddhisme et leurs bibliothèques qui restent les plus grandes architecture en bois au monde, des trois ouvrages Maya sauvegardés de l'autodafé ordonné en 1562 par l'évêque du Lucatan Diego de Landa, et où était expliquée la fin du monde... entre autres.

Les jeux d'écriture, la langue, les auteurs (fictifs, anonymes, dissimulés), les reliures, les illustrations, le façonnage des pages, la paternité des oeuvres (Homère, Molière, Shakespeare), les livres interdits, (Sade, Chagall), le livre objet, les multiples relations entre auteurs et public sont rassemblés et commentés.

L'auteur de ce livre référence, Gérard Durozoi, est agrégé de philosophie et expert reconnu en histoire de l'art et de la littérature à la plume agile.

J'aime cet ouvrage pour

Son humour et son érudition
Son rythme, il se lit très facilement
Son unicité, il est vraiment inédit
L'ouverture qu'il offre vers des textes intéressant et pourtant peu connus
La mise en lumière de monuments du patrimoine de l'humanité
Sa compilation savante de textes majeurs, tous les siècles et tous les continents sont représentés, même si la majorité des exemples se réfère à la culture occidentale.

Cet ouvrage est pour