Gyotaku, l'Art de fixer l'empreinte d'un Poisson
Connaissez vous la technique Gyotaku ?
Il s'agit d'un art pictural, né au Japon à l'époque Edo. Il consiste à reproduire l'empreinte d'un poisson sur un papier ou sur un tissus, pour en immortaliser la forme.
C'est donc une reproduction à l'échelle 1, qui se veut la plus exacte possible.
L'histoire
- On raconte que c'est un samouraï qui, déçu de ne pas pouvoir offrir à l'empereur une magnifique prise de retour de pêche, parce qu'il était trop loin, eut l'idée d'immortaliser son trophée en l'enduisant d'encre puis en le pressant sur un papier fin. Cela lui a permis de capturer le temps et la vie en les fixant de la façon la plus exacte possible, pour offrir son trophée à son souverain...
- Gyo = poisson et Taku = empreinte
- Cette façon de faire a été reprise par les pêcheurs pour immortaliser leurs plus belles prises dans une idée de respect
La Technique
- Le poisson est badigeonné d'encre, patiemment, avec précision, dans le sens des écailles de la tête vers la queue, puis le papier est appliqué sur le poisson.
- Le papier doit être le plus fin possible, on utilise souvent un papier de riz (washi). On utilise aussi du tissus, notamment de la soie
- Le pinceau ne sert pas à peindre, mais à appliquer l'encre. Et, en toute fin, à dessiner l'oeil du poisson, ultime étape qui figure le reflet de la vie...
- L'idée est de capturer l'empreinte du poisson la plus exacte possible. C'est une façon de lui rendre hommage, de l'immortaliser et peut être même d'écrire son âme...
- L'encre n'est pas toxique, elle est préparée à base de suie. On l'ôte facilement une fois l'empreinte réalisée, et le poisson n'est pas perdu...
- Cette technique de tampon a concurrencé la photographie lorsqu'elle en était encore à ses débuts, pour devenir un art à part entière. Il est pratiqué maintenant au delà du Japon...
J'ai découvert cette technique à la Fête de la Création et des métiers d'Art de Saint Jean de Beauregard en Juin dernier sur le stand de Camille Dandono, qui pratique cet art depuis le confinement... Elle utilise un papier Kozo, très souple, fait d'écorce de mûrier, lui aussi préparé de façon traditionnelle...
Mon avis
- Ce que j'aime dans le Gyotaku, c'est son résultat épuré, graphique, souvent en noir et blanc
- J'aime aussi l'idée d'ajouter une étape poétique entre la pêche et le fait de consommer le poisson
- C'est un art "durable", les ingrédients sont tous nobles...
Epilogue
- Lors des journées de la Fête de la Création et des métiers d'Art de Saint Jean de Beauregard on pouvait voter pour son artiste préféré. C'est bien sûr pour les oeuvres de Camille Dandono que j'ai donné mon vote...