Ile de Ré : la mystérieuse Abbaye des Châteliers
Ses murs fièrement dressés sont en connexion directe avec l'Océan, le soleil et les étoiles, l'Histoire... Ils laissent passer le vent, ils ont aboli le temps.
D'ailleurs sur l'Ile l'espace temps semble lui aussi distendu. Le côté encore un peu sauvage insulaire est propice à la détente, à un certain art de vivre, relax et zen, un brin épicurien comme j'aime...
L'abbaye se remarque d'emblée du haut du pont, nichée entre les deux villages de Rivedoux et de La Flotte-en-Ré. Puis lorsqu'on s'approche, elle semble égarée au milieu de nulle part, en plein champs...
Ce ne fut pas toujours le cas d'ailleurs. Lorsque les moines cisterciens l'ont bâtie au XIIème siècle ils ont rasé les forêts alentours pour implanter des vignes. Et ont participé à la prospérité du lieu en le marquant historiquement pendant plus de 300 ans.
Ici comme ailleurs l'essor des vignes a été impulsé par les moines, qui les cultivaient pour préparer le vin de messe mais aussi pour une consommation autorisée d'une "hermina", soit 30cl de vin par jour...
"Fondée en 1156 par l'entremise d'Isaac, abbé de l'Etoile en Poitou, et Jean, abbé de Trizay, grâce aux dons du seigneur de l'Ile de Ré Elbe de Mauléon, cette abbaye est affiliée à Pontigny en Bourgogne. C'est une des très rares implantations de l'Ordre des Citeaux en Aunis et Saintonge. Elle bénéficie d'un site stratégique, non loin du lieu d'accostage le plus important de l'Ile. Aux XIIème et XIIème siècles, le monastère se développe grâce à des dons successifs et prend le contrôle de la plus grande partie des terres de l'Ile."
La Guerre de Cent Ans l'affaiblit, les assauts des anglais et les conflits armés mènent les moines à finalement l'abandonner. Elle est presque entièrement démontée et ses pierres servent à la construction du fort de La Prée, juste à côté.
Puis son fronton est pendant un temps peint en noir et blanc pour servir d'amer (repère pour les marins, tout comme le clocher d'Ars)...
En 1992 elle est classée aux monuments historiques. Et tout récemment (2022) une esquisse de jardin a été aménagée pour évoquer l'hortus conclusus et les simples qui l'accompagnaient.
Ses murs percés demeurent fiers et se jouent du temps en jouant avec les lumières sur toute la gamme des blancs, tandis que le soir d'étranges ombres se dessinent brrr, j'y ai eu une belle frousse il y a quelques années en passant par là...
L'abbatiale gothique est la mieux conservée, tandis que quelques pierres vénérables vestiges du couvent restent vaillantes façon Stonehenge...
A nous d'imaginer ce qui n'est plus, de combler les vitraux absents, et d'écouter le vent, qui peut être se souvient des chants cisterciens...
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