James Tissot, l'Ambigu Moderne, Musée d'Orsay
En ce moment et jusqu'à mi septembre, se tient l'exposition d'un peintre génial et majeur, dont pourtant on ne parle pas assez... James Tissot.
Et justement, le Musée d'Orsay, comme sans doute tous les Musées parisiens cet été, est moins pris d'assaut par les touristes, et les distances de rigueur y sont respectées... Le port du masque y est obligatoire... C'est le parfait moment pour en profiter...
Il faut compter deux heures pour visiter l'exposition, qui est très belle et bien orchestrée... Nous nous sommes régalés et je partage avec vous mes impressions et quelques photos... En remerciant Cathy qui nous a accompagnés et offert, parce qu'elle est experte, ses lumières concentrées sur ce peintre et sur l'exposition...
James Tissot est le peintre des dandys, de la société bourgeoise et de "la parisienne" de la seconde moitié du XIXème siècle. Son histoire est très romantique, et son oeuvre suit son histoire...
Il nait à Nantes à la fin des années 1850 puis est formé aux Beaux Arts. L'influence de ses parents, qui évoluaient dans le métier de la mode, marque son goût pour les étoffes, les tenues, les textures que l'on le retrouve dans toute son oeuvre. Au point qu'il est un génie du détail, lorsqu'on examine une toile on savoure d'abord le sujet principal, puis on se laisse vite happer par une foule d'éléments secondaires, qui participent grandement à l'histoire racontée...
Pendant le conflit franco prussien et la Commune de Paris, il part à Londres, où il devient le brillant peintre du High Life et de la société anglaise victorienne. Il rencontre l'amour de sa vie, Kathleen Newton, qui est son modèle, et partage son existence dans une riche demeure de la capitale. Kathleen est cependant malade, James Tissot peint son déclin avec beaucoup d'élégance, et lorsqu'elle disparaît, il surfe sur le mouvement médiumnique qui avait alors le vent en poupe, pour la retrouver au delà du temps, avant de se consacrer à une peinture religieuse...
Il est très prisé des grands industriels qui lui commandent des portraits conventionnels, et il sait merveilleusement mettre son art en valeur, il devient "le" peintre en vue et il est assez prolixe.
En parallèle de cela il aime flirter avec un certain sens critique, il semble insaisissable... Les jardins (secrets ?) sont parmi ses décors favoris...
James est un pseudonyme, son prénom est Jacques Joseph...
Certaines de ses oeuvres sont d'un déconcertant abyssal... Comme par exemple cette sculpture trophée improbable, extraordinaire empilement de symboles façon cabinet de curiosité... que j'essaierai plus tard de commenter...
Le portrait ci dessus par exemple est moderne dans sa façon, toute nouvelle, de proposer un portrait posé non posé... Le capitaine n'est pas en pied comme on présentait les hommes jusqu'ici, il est même allongé avec un côté lascif presque féminin. On aurait pu s'attendre à voir un officier à cheval, glorieux et fier, tiré à quatre épingles. Celui ci est dans l'intimité d'un intérieur cocon, il affiche une barbe de plusieurs jours et fume la cigarette. Il n'en est pas moins superbe, l'élégance est déplacée, la démonstration de prestige est ailleurs, mais tout aussi réussie, car le sujet n'en est pas moins un gentleman... Les atours de la masculinité ont glissé avec la subversion discrète de Tissot...
James Tissot est envoutant, charmeur, il donne à réfléchir, à regarder, et chaque oeuvre est un univers plaisant à décrypter...
Avez vous vu l'exposition ?
Projetez vous de vous y rendre ?