Le Moteur est dans le Pré, l'Insolite à Giverny
Nous venions de passer des moments très bucoliques à visiter la Fondation Claude Monet qui présente la maison et les merveilleux jardins du peintre dans le joli village normand de Giverny (Je raconte ici click)...
On avait en tête ces centaines de fleurs, les reflets de l'étang, et des envies de peindre pour continuer la communion avec la Nature dont d'un coup nous nous sentions si proches...
Nous marchions main dans la main, rassasiés de poésie, lorsqu'au coeur du village, près de l'église, tandis que des vacarmes de pétarades étranges et des sons que nous ne reconnaissions pas complètement (mais pas vraiment inconnus non plus) sont venus jusqu'à nous...
L'impression était vaguement trouble... déjà, paradoxalement, nous étions à la fois au coeur d'un village de charme, si normand, si douillettement beau et rural, mais en même temps on entendait parler anglais au coin de chaque rue(lle) car le Musée Monet fait converger ici tous les amoureux d'art depuis les quatre coins du monde...
Ce mignon décor pastoral était comme un second centre du monde (artistiquement parlant j'entends, soyons bien d'accord... )
Mais comme pour accentuer ce sentiment mêlé, là en contrebas, nous avions fini par approcher l'entrée de ce qui était une exposition de plein air... "le Bonheur est dans le Pré"... De fait, au beau milieu d'un champs, des engins bien peu communs se laissaient distinguer...
Nous sommes passés devant un pot (à lait), avant de voir de plus près tous ces pots (d'échappement), et oui tellement échappés d'un autre âge...
Des moteurs, des tracteurs, des masses polies et de toutes formes pétaradaient, éructaient de façon plus ou moins saccadée et parfois dans de presque mélodies aux accents d'acier... Et dans la fumée aussi !
Nous avons bien compris que c'était la fin de la fête, mais fascinés par ce drôle d'étalage qui nous rappelait un peu des racines que nous n'avions pas connues, nous avons essayé de saisir l'ambiance de cette fin de show qu'on ne croise pas souvent...
Des passionnés échangeaient, évaluaient, il me semble même que des lauréats ont été élus et des prix ont été remis. Des pièces détachées ponctuaient de vrais engins assez fiers et en parfait état de marche. C'était un musée à ciel ouvert, un musée de plein champs et de plein de matières lourdes qui venait bousculer notre encore frais souvenir du jardin bucolique de Monet...
J'essayais de retenir mes impressions de fleurs mais tout s'échappait, les cosmos, les dahlias, les nymphéas se dépixellisaient dans mon esprit, et cédaient la place à ces machines impressionnantes...
Des souvenirs de lectures de descriptions de Comices Agricoles et de Révolution Industrielle ont balayé les graines d'impatiens qui tentaient de s'accrocher dans mon souvenir pourtant si frais, et je me suis surprise à admirer béatement ces pistons, soupapes et autres vilebrequins rutilants... Ils revenaient de loin, comme des ancêtres préhistoriques dont nous étions d'éloignés arrière petits enfants, mais je savais que mes racines étaient là, partiellement du moins...
Des bouffées de fumée ont achevé de m'embrumer l'esprit, je n'ai pas pu m'empêcher de prendre quelques clichés, histoire de ne pas oublier ces monstres forts et pourtant maintenant détrônés, tandis qu'une voix m'expliquait qu'il s'agissait de "Moteurs stationnaires"...
Quelle collection !
Avec le sentiment d'avoir vécu un moment insolite et impromptu qu'on n'oublierait pas de sitôt, nous sommes repartis en éternuant, gênés par quelques dernières fumées, contents d'avoir dans la même journée été si près de moments historiques. Je me suis dit que Monet aurait certainement participé à cette foire aux allures de cabinet de curiosités, parce qu'il était féru de modernité et qu'en leur temps, ces machines devaient représenter l'avenir...
Mon amoureux a apprécié de jolies automobiles...
Quelques pas plus loin des parfums de repas s'échappaient d'une guinguette et moi je pensais aux cageots de pommes que je rapportais de notre escapade normande, me disant que si j'avais possédé une de ces machines, j'aurais certainement su fabriquer un bon cidre...
Epilogue : Giverny abrite le Muséum de Mécanique Naturelle, unique en son genre, et que nous nous sommes promis de découvrir dès que possible car il faut reconnaitre que ces machines sont fascinantes, et sont aussi une partie de notre Patrimoine.
Et vous, que vous inspire cette découverte ?