Carnet des Tendances du Jardin et Courson
Côté Grelinette j'ai remarqué, comme vous tous sans doute, combien la place de la
"chlorophylle" évolue vite ces derniers temps. Les jardins, les plantes font partie de notre quotidien. Dans les villes, dans les habitations, sur les lieux de travail la matière verte est
"vitale" et nous nous en entourons de plus en plus.
Test : je suis sure que si vous levez le regard une plante verte, une orchidée, un pot de basilic sont près de vous... ? Non ?
Après la mode des carrés de pelouse un peu austères dans les villes, on a vu fleurir l'engouement pour le jardinage, puis à
travers lui, la préoccupation écologique, et maintenant on accorde aux plantes des vertus thérapeutiques. Elles sont déstressantes, elles jouent aussi un rôle social avec les jardins partagés,
qui se déploient actuellement à une vitesse galopante et c'est tant mieux.
Face à cette évolution très rapide un "Observatoire des Tendances du Jardin" a été fondé par des spécialistes de l'horticulture, de la
botanique, des paysagistes, qui présentent et font le bilan chaque année des "inspirations" : nouvelles plantes, mais aussi redécouvertes, aménagements des grands et petits jardins, des terrasses
et balcons, chez les jardiniers débutants comme chevronnés. Attentes liées à une éthique de plus en plus respectueuse des sols, de l'eau, de la petite faune. Parce que nous tendons tous à
vouloir au quotidien un jardin bon et beau...
Tous les ans à Courson un espace est réservé à un jardin d'essai qui met en scène le résultat de ces observations, et cette année la thématique de recherche était "Le béton et le
bourgeon".
Deux paysagistes , Xavier Coquelet et Pauline Robiliard, ont imaginé un concentré de cet univers et bâti sur place un jardin étonnant. Ce jardin mettait en scène la rencontre du végétal et de l'urbain, pour imaginer une nouvelle relation entre l'homme et le jardin.
Une grande structure de fer et de béton a été imaginée et construite, brute, forte, robuste, étendue dans l'espace, en surface et en hauteur. Et, en y regardant de plus près, on pouvait y trouver des fissures, des failles dans la matière brute, d'où s'échappaient des plantes, des fourrés, des arbres même. Cette mise en scène théâtrale, un peu comme une représentation de "happening" végétal, avait pour acteurs trois types d'espèces végétales, trois "personnages" donc, que nous rencontrons au quotidien sans particulièrement les voir. Pourtant ce sont des "vedettes" de choix, des plantes remarquables dans tous les sens du terme, que nos deux paysagistes nous invitent à considérer sous un autre angle que celui du dédain et de l'ignorance. Ces herbes, ces plantes vous l'avez compris, ce sont celles qu'on considère comme "nuisibles", celles qu'on arrache au passage, celles même parfois que l'on traque (comme le "buddléia", cet "arbre à papillons" qui fait partie des plantes "surveillées").
Les trois "personnages", donc, ce sont tout d'abord les "pionnières" :
des
plantes qui demandent peu et pourtant donnent beaucoup. Ce sont les premières à apparaitre sur les terrains vagues ou lorsque l'asphalte se fissure. Parfois on les considère comme "nuisibles",
parfois on les tolère avec plaisir si elles sont belles. Vous connaissez tous ces grandes hampes florales que sont les roses trémières ("Alcea rosea"). Elles sont les "aimées" de cette famille.
Tandis que le plantain ("Plantago major"), lui, est souvent traqué dans les jardins comme une "mauvaise herbe". Pourtant le plantain est le délice des oiseaux... N'avez vous pas remarqué comme
l'un et l'autre sont élégants, à profiter du moindre courant d'air pour agiter leur longue et fine tige au dessus du béton ?
Puis il y a les "surprenantes" : elles évoquent la ville et sont dotées soit d'un nom, soit d'une particularité amusante. Il y a la "Ruine de
Rome" (Cymbalaria muralis), capable de sortir, tel un jack in the box, d'une petite fissure. Ou encore la Rue fétide ("Ruta graveolens"), dont le parfum est "particulier", ou encore la "Psoralée
bitumeuse" ("Bituminaria bituminosa") dont les feuilles sentent le goudron lorsqu'on les froisse...
Enfin nous avons les "échappées de jardin" : ces petites perles qui se sont égarées au milieu de friches ou de terrains vagues comme la digitale pourpre ("Digitalis purpurea"), le géranium sauvage ou la verveine de Buenos-Aires...
Vous en connaissez sans doute d'autres, comme les bouleaux qui poussent naturellement dans les terrains oubliés, les figuiers, qui dans le sud sont sauvages et prennent de la graine n'importe où, ou l'ortie, qui ces derniers temps regagne l'intérêt depuis qu'on l'utilise à de multiples usages...
La philosophie de cette expérience était de nous aider à percevoir d'un autre oeil cette matière végétale et de lui accorder davantage d'intérêt.
Ce qui me convient parfaitement car dans mon potager (et mon jardin en général) je laisse une large part aux semis spontanés, qui souvent sont intéressants. J'ai récemment vu pousser un noisetier sauvage, de la mélisse dans les plates-bandes, et un chou rouge près des capucines. C'était du meilleur effet !
NB : le Carnet des Tendances du Jardin, concentré de bonnes idées, est en vente, vous le trouverez facilement (15 €), notamment sur www.jardiland.com
La newsletter vous informe en avant première d'événements et de publications à venir et fait le point du meilleur de Grelinette et Cassolettes (astuces, idées de présentation etc.). Pensez à vous inscrire (en bas à droite) ! Vous pourrez aussi et surtout recevoir les articles au fil de leur publication, qui n'est pas forcément régulière...