Saints de Glace : Vieille rengaine ou alerte à vigilence tangible ?
Les Saints de Glace ont des noms d'un autre âge... Ils sont dans la culture jardinière depuis les fonds des temps et les nouveaux jardiniers les brandissent souvent en gage de crédibilité, pour montrer que eux aussi, ils "savent"... Mais quid ? Très concrètement ?
Tout d'abord, let me introduce Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais, qui correspondent aux 11, 12 et 13 mai. Et ne soyons pas chiches, ajoutons Saint Boniface, 14 mai, qui correspond au dicton "Le bon Saint Boniface entre en brisant la glace"...
Si on pousse jusqu'au 25 mai nous sommes à la Saint Urbain "Qui les tient tous dans sa main"...
Historiquement c'est Saint Mamert qui a instauré au Vème siècle les "Rogations", du latin Rogatio : action de demander. Il s'agissait de jeûnes et de prières chantées pour favoriser bonnes augures et prospérité aux travaux des champs et aux récoltes. Saint Pancrace et Saint Servais ont été associés à ce moment. Mais les suppliques n'ayant pas souvent été efficaces, parce que la meteo était particulièrement frileuse et défavorable à ces moments, les paysans et jardiniers leur ont associé la notion de "Saints de Glace"...
La notion d'un mois de mai redoutable car frileux perdure toujours en ce début de XXIème siècle. Et on oublie souvent que cela vaut pour tout le mois (jusqu'à Saint Urbain, voir plus haut) et pas seulement les 11, 12 et 13 mai.
C'est la contrepartie du douillet "en mai fais ce qu'il te plait", qui donnerait envie d'enfin commencer les plantations clef comme celles des tomates et courges, dont le cycle est long.
Dans la réalité des choses il faut bien reconnaître que le mois de mai est souvent sujet à une meteo cataclysmique, avec pluies battantes, gel et parfois même grêle sournoise...
L'explication est que la Terre, dans son ellipse autour du soleil, traverse à ce moment un espace riche en poussières cosmiques reliquats du Big Bang, qui forment un écran voilé opaque provoquant un refroidissement.
Maintenant, la rotation de la Terre apportant un décalage qui s'accumule de siècle en siècle cette notion est elle vraiment fiable ?
A la fois on est dans les starting blocs avec l'envie de lancer les plantations, et aussi la crainte de les perdre d'un coup de gel...
Pour ma part je suis maintenant assez loin des pratiques de jardinage des générations précédentes. Par exemple je ne retourne pas la terre en la bêchant, j'utilise la grelinette (d'où le nom de mon blog, héhé) pour la décompacter seulement et je la nourris de paillis. Ou je n'utilise aucun produit toxique pour traiter mes plantations, je me débrouille de façon soft avec des purins, et une autre philosophie des choses aussi (j'accepte l'idée de partager mes cerises avec les oiseaux, je ne m'énerve plus si les limaces sont gourmandes. J'utilise des astuces ponctuelles et naturelles comme celle ci click qui marche bien)...
En revanche je reste attentive à certains repères : je ne jardine pas pendant les noeuds lunaires, je suis attentive à la lune montante et descendante, et... aux Saints de Glace justement.
Donc ma parade est de repiquer mes plants de tomates, de courges etc dans des pots de plus en plus grands en attendant fin mai pour enfin les... déconfiner (sourire). Les petits pois sont en place depuis longtemps mais eux ne craignent pas le gel, et j'utilise beaucoup les cloches et les paillis pour protéger le reste, artichauts, salades etc.
Et je tente le coup avec quelques pieds quand même, notamment pour les courges, qui sont relativement rustiques et ne craignent pas trop la pluie, par exemple. Ce qui n'est pas le cas des tomates, qui sont très sensibles à l'oïdium et doivent prendre un bon départ pour être résistantes et fertiles.
Le tout est de connaître le risque, et aussi sa petite histoire juste pour la culture G, et d'ensuite faire ses choix personnels.
Pour en savoir plus sur ces histoires de déménagements de pieds de tomates voir ici click
Je vous ai donné les miens.
Et vous ?
Croyez vous aux Saints de Glace ?