John Singer Sargent, peintre du Blanc
Je vous ai déjà parlé de l'exposition Eblouir Paris, qui se tient en ce moment au Musée d'Orsay. Via un excellent livre que je vous conseille ici, click. Et via un aperçu où je vous livre mes clés de lecture ici click.
En général j'aime bien rédiger quelques mots sur ce blog pour laisser une trace des expositions qui m'ont plu. Et c'est le cas bien sûr de celle ci.
Mais j'écris en ce moment dans des conditions toutes particulières. Ceux qui sont proches comprendront. Et pour cette raison, je pense avoir perçu cette exposition avec un regard différent. Parmi mes clés de lecture, dont je vous ai parlé dans l'article précédent, j'ai évoqué mon regard sur les blancs de John singer Sargent. Ils sont magnifiques, ils constituent un vrai angle d'approche. En voici quelques uns.
Tempête sur l'Atlantique
- Ici le peintre place le spectateur en pleine action, au pied d'une vague immense, depuis le pont d'un navire
- L'action est comme figée face à la vague si haute, dans le froid d'octobre
- Il capte et fixe l'intensité des éléments, les jeux d'ombre et de lumière, dont le paroxysme est le blanc, créent tout le volume et toute la dramatisation de l'instant
- Les blancs peuvent aussi être différents, calmes, sereins et doux
Comme ici avec la toile Dans les Oliviers, à Capri
- Sargent voyage en Italie, notamment à Naples et à Capri, qui sont des destinations prisées des européens
- Ici le blanc est celui de la langueur et de la mélancolie
- Les tonalités sont argentée
Etude pour le tableau La Pêche à Cancale, Jeune Garçon sur la Plage
Portrait de M. Edouard Pailleron et de Mlle Marie-Louise Paillron
- Les Enfants du couple ont 10 et 15 ans. L'intensité de leur regard qui fixe le peintre, et le spectateur, est troublante, loin des conventions de l'époque.
Dans le Jardin du Luxembourg
- Je vous ai déjà parlé de cette toile précédemment. L'éventail des blancs, qui n'en sont pas vraiment et cela les rend encore plus intenses et vibrants, saisit l'heure bleue, ces minutes particulières suspendues juste avant la nuit.
- Le peintre réussit le paradoxe de fixer le temps et de l'accélérer : le jeune couple qui traverse le jardin semble tellement en action qu'il en est décentré et bientôt il ne sera plus dans le champs du cadre.
- Son mouvement horizontal répond à la verticalité du reflet d'or dans le bassin, qui lui même éclaire, grâce aux nuances de blancs, les vasques et les dernières lumières
Portrait de Madame Henri White
- Ici le blanc est un vrai et virtuose exercice de style
- Il fixe les matières et les textures, donne du relief aux effets, aux jeux de plis et de lumières
- Il est le parallèle en négatif du portrait de Madame X, dont je vous ai déjà parlé.
- Chez John Singer, le blanc n’est jamais vide ni neutre : il devient un champ d’expérimentation où la lumière se fait matière
- Dans ses portraits, les tissus clairs s’animent de reflets d’ivoire, de nacre ou d’argent. Les ombres glissent vers le bleu ou le mauve ; la lumière chaude du jour y dépose des nuances rosées. Sargent sait que peindre le blanc, c’est peindre toutes les couleurs à la fois : c’est révéler la vibration du réel dans sa plus subtile densité.
- Cette maîtrise du blanc témoigne d’une intelligence du regard : celle d’un artiste qui comprend que la lumière ne se peint pas directement, mais à travers ce qu’elle touche. Ainsi, Sargent ne peint pas la lumière ; il peint ce qu’elle transforme. Et dans cette alchimie, les blancs deviennent sa signature silencieuse — l’espace où éclot la vie même de la peinture.
Sargent excelle à traduire la lumière sous toutes ses formes : éclats du soleil, reflets sur la peau, soies irisées, ombres subtiles. Mais c’est dans sa maîtrise du blanc qu’on voit le mieux cette virtuosité : il fait vibrer une infinité de nuances là où d’autres ne verraient qu’une teinte uniforme.
Dans ses portraits comme Lady Agnew of Lochnaw, Carnation, Lily, Lily, Rose, ou The Daughters of Edward Darley Boit, les blancs ne sont jamais neutres. Ils sont argentés, sous une lumière froide, crème ou ivoire, dans les drapés ou les carnations, rosés, quand la lumière se réfléchit sur la peau, bleutés, dans les ombres ou les reflets du soir. Chaque blanc porte une température, une émotion, une texture.
J'ai été touchée par sa liberté de touche et sa modernité.
Et vous ?
Que pensez vous de cet angle de vue ?
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