Autour de la Confiture de Courge Pleine de Naples à Saint Jean de Beauregard…
J’ai toujours été fascinée par les cucurbitacées, elles sont replètes, colorées, joufflues avec des formes souvent coquettes…
Et le potager classé de Saint Jean de Beauregard en présente une collection étonnante, qu’on peut admirer, et même acheter lors de la fête des plantes d’automne.
La thématique cette année étant « Mythes et Légendes », les cultures luxuriantes nous ont donné des envies de rêve et de démesure…
Au fil des lianes de potirons et autres courges, les esprits affûtés pouvaient apercevoir quelques pots de confitures originales : des confitures de courge de Naples !
C’est sur cette thématique que j’ai tenu un stand et donné une conférence dans le cadre exceptionnel du Château de Saint Jean de Beauregard le week end dernier.
Et j’avais très envie d’immortaliser ces beaux moments sur Grelinette et Cassolettes !
Si j’ai choisi de cuisiner la géante Courge Pleine de Naples, c’est parce qu’elle est belle !
Elle est oblongue et sa peau est d’un beau vert sombre.
Sa chair va du « Jaune de Naples » à l’orangé vif, et mes antennes d’aquarelliste restent toujours sensibles aux couleurs…
J’ai choisi la Courge de Naples aussi pour son exceptionnelle saveur !
Elle fait partie de la famille des courges musquées et son goût est doux et subtil.
Sa texture est dense et concentrée.
Alors que le potiron orange que l’on connait bien si on est expert en carrosses présente une chair plus acide et plus tonique.
Sa chair est compacte, alors que celle de la citrouille est plutôt fibreuse.
Enfin j’ai jeté mon dévolu sur cette belle courge parce qu’elle est facile à préparer !
Avez-vous déjà tenté d’éplucher une courge ronde à côtes ? Je suis sure que oui !
Il faut prendre garde aux formes irrégulières de la peau. Et celle ci est d'ailleurs assez dure. Puis creuser pour ôter les graines et les filaments qui les entourent, pour récupérer une mince couche de chair...
Et maintenant imaginez vous coupant avec aisance une simple tranche épaisse et nette de courge de Naples : elle est ronde, nette, facile à éplucher par le pourtour et aucune graine ne vient nous compliquer la tache.
C’est que la poche de graines est concentrée dans le renflement de l’extrémité. La courge de Naples est sans doute, à mon avis, celle qu’on prépare le plus rapidement et le plus facilement…
Je l’ai faite goûter à l’auditoire samedi dernier et tout le monde a été étonné de la trouver si désaltérante !
Il faut dire que le flamboyant été indien était assez chaud et de ces pétales de courge coupés finement étaient comme de délicieuses pastilles aqueuses et fraîches…
D’ailleurs je vous conseille de tester cette courge râpée, avec une petite sauce faite d’huile d’olive et de balsamique… Vous serez agréablement étonnés !
Puis est venu le moment de la préparation des confitures.
Vous pouvez trouver la recette ici click, il vous suffit de transposer la courge Marina di Chioggia avec la Courge pleine de Naples... elles ont la même chair savoureuse.
J'ai donc préparé une confiture de Courge de Naples au citron, à la badiane et à la fève Tonka, avec des cranberries.
La confiture est cuite en deux temps, sur deux jours. Le citron lui apporte une saveur tonique, renforcée par la badiane. La fève Tonka râpée apporte toute sa personnalité à la préparation. Les cranberries, bio (comme tous les autres ingrédients), ajoutées peu avant la fin de la cuisson, offrent une texture supplémentaire, une nouvelle petite touche acidulée, et une jolie couleur pourpre aussi, qui contraste avec le jaune solaire de cette confiture.
La courge est coupée en dés très fins. Il ne s'agit pas d'une confiture fluide qu'on étale sur la tartine le matin. Mais plutôt d'une confiture d'apparat et de dégustation, qu'on sert idéalement avec une viande blanche, du foie gras, un gibier. Ou mieux encore, on la prépare à l'apéritif (ou au dessert) dans de petites cuillers de présentation, avec un copeau de fromage de chèvre de type Sainte Maure de Touraine, coupé non pas au couteau mais à la lyre à foie gras pour obtenir de fines tranches. Et on ajoute un trait de vinaigre balsamique pour parfaire ce trio gourmand !
Un gentil brouhaha a envahi la pièce, et tout le monde s’est regardé d’un air entendu en donnant ses impressions !
Si vous y étiez, n’hésitez pas à les donner ici justement !
Seul inconvénient à cette petite digression un brin nostalgique : la courge de Naples n’est pas facile à trouver dans la commerce… Vous pouvez donc la remplacer par la butternut (celle-ci on la trouve partout), et en semer dans votre jardin l’année prochaine.
Ou mieux : rendez vous à la prochaine fête d’automne de Saint Jean de Beauregard ?