Thierry Marx au Paris des Chefs : les quatre éléments
Les grands de la création avaient pour mission de nous éblouir... mission accomplie haut la
main !
Je partage avec vous cette fabuleuse expérience à laquelle j'ai eu la chance d'assister samedi dernier : après
un teasing ici, et un binôme bio là concentrons nous sans peine sur le duo de charme
Thierry Marx & Sybille de Margerie dont le show était parfait. Faut-il rappeler que le challenge de ce Paris
des Chefs était de réunir un chef de la gastronomie et un designer, chargés de nous faire entrevoir leur perception du visible et de l'invisible, double regard de la création...
Justement, Sybille de Margerie, architecte d'intérieur de renom (elle a travaillé pour des hôtels comme le Crillon, le Lutécia, le Cheval-Blanc à Courchevel) a été choisie pour
orchestrer l'aménagement du futur hotel de luxe que Thierry Marx ouvrira au début de l'été à Paris : le Mandarin Oriental.
En avant première ils nous ont livré le joli secret (qui n'en est plus tellement
un du coup...) qu'ils réservent à leurs clients. Sur la table du petit déjeuner, qu'on imagine design et épurée, se trouvera un mystérieux carton à
chapeau. Le carton à chapeau c'est l'élégance parisienne, la couture, le luxe, la féminité... A l'intérieur de cette jolie boite haute et ronde, se trouvera, comme dans un jeu gigogne... un bento aux accents asiatiques !
Que faire d'un bento alors que justement on est attablé dans un hotel de luxe et que tout présage qu'on ne nous laissera pas mourir de faim ?
C'est que cet extraordinaire bento renferme un concentré de vie, la substantifique essence, les symboles des quatre éléments vitaux... Comme pour offrir à ces hôtes uniques et privilégiés
les clefs de l'existence, et les placer à l'aube des marches de l'essentiel...
Une sorte d'inattendu cadeau de bienvenue symbolique et fort. L'eau, l'air, le feu, la terre, les éléments d'un langage universel pour ces clients internationaux, voire planétaires. Le présent le
plus simple et le plus concentré que l'on puisse rêver d'offrir.
J'exagère ? J'interprète ? A peine, voyez la suite...
Step by step Thierry Marx nous dévoile sa vision des quatre éléments offerts à ses hotes élus. Le visible et le suggéré se mêlent, l'imagination s'envole, les papilles sont prêtes à tout.
Tout d'abord l'air et l'eau : Thierry Marx nous dévoile une capsule d'eau,
une goute énorme, unique et surprenante. A l'intérieur, une eau très pure parfumée d'une infusion de gingembre et de citron, destinés à purifier le corps à l'orée de la journée qui
s'annonce. La capsule, toute en souplesse, est faite de Kanten, cette algue dont on tire l'agar agar.On y pique une paille pour se désaltérer et communier avec
les premiers éléments de la journée.
Ensuite vient le feu symbolisé par une poudre énergisante de cassis et de framboise pulvérisés dans l'azote liquide, cryogénisés. J'ai goûté cette poudre surprenante, elle pétille en bouche et donne l'impression d'une explosion de fruits rouges acides qui rappellent le bonbon.
La terre enfin, et le consistant aussi, est plus classique mais parfaitement
étonnant de saveurs. Il s'agit d'une adorable pâtisserie raffinée sur trois étages. J'ai eu le plaisir de la goûter, elle est délectable.
Je vais essayer de vous la décrire. La base est un feuilletage de pain d'épice et de pectine de pomme concentrée (la pomme, fruit originel...). Je pense que seule la pomme serait déjà un
ravissement en soi. Elle est détaillée en cubes minuscules et ses saveurs sont une concentration généreuse et savoureuse. Au dessus de ce millefeuille, une crème de lait de soja vanillée et
délicieusement aérienne s'associe parfaitement avec les premières saveurs. En top, un voile de biscuit fin comme un papier de soie parfait le tout...
La philosophie de cet exceptionnel condensé de saveurs et de symboles est sans doute qu'innovation et simplicité se rejoignent, qu'il n'y a pas de conflit entre création et tradition.
Au tout début de la présentation, les créateurs se sont livrés au jeu du portrait chinois. J'ai retenu les réponses de Thierry Marx, sans doute aimerez vous le connaitre un peu plus en les découvrant. Trait de caractère ? La détermination. Couleur préférée ? Le blanc. Compositeur favori ? Mozart. Auteur ? Céline (J'avoue avoir été surprise...) Mot d'ordre ? Être et durer. Qualité ? L'honnêteté... J'ai aussi retenu le mot d'ordre de Sybille, qui me convient parfaitement : "Fais-le maintenant, il y aura peut-être une loi pour l'interdire demain..." !
A la fin du show, le plateau a été envahi de fans qui ont voulu voir tout ce
mystère de plus près, toucher, gouter. J'en étais, c'est ce qui m'a permis d'échanger un peu avec Thierry Marx et de vous livrer ce compte-rendu...
Demain je vous présenterai deux autres duos qui m'ont étonnée : les binômes estonien et argentin qui n'ont pas manqué d'originalité non plus et ont su nous surprendre.
Quel creuset d'idées, de découvertes, de création ! La quatrième édition du Paris des Chefs,
qui conjugue cuisine et inspiration, gourmandise et talent, a été foisonnante.
Les chefs sont venus des quatre coins du monde pour présenter leur savoir-faire et leurs innovations. Lorsque les cuisiniers s'associent en duos aux
créateurs et artisans (architectes, photographes, designers, peintres, musiciens...) l'ébullition est formidablement fertile...
La cuisine est un art qui avance, qui progresse, repousse les limites. L'alchimie qui s'est opérée durant trois jours a été riche de créations, d'idées, de concepts. On s'y est régalés à chaque duo, j'ai été souvent
surprise, parfois choquée, mais on ne progresse pas sans bouleversements. Durant les prochains posts je vais vous faire partager mes impressions et quelques photos, il s'agira de vues
parcellaires, le show a été si riche... Pour vous mettre en appétit,
disons que je vous parlerai de mon trio préféré : Anne-Sophie Pic / Carole Bouquet (qui n'est pas qu'actrice, elle est vigneronne aussi) / Julie Andrieu (si complice). Mais j'ai aussi
été complètement séduite par le grand Fulvio Pierangelini en duo avec Massimiliano Fuksas : deux italiens de talent, comment ne pas être sous le charme ?
J'ai aussi été interloquée par cette silhouette sexy, apparue au fond de la scène dans un style très "poupoupydoo". A bien y regarder il s'agissait de Frédérick e. Grasser-Hermé
habillée d'une robe fourreau de... crépine de porc ladygaguesque improbable, tentant d'approcher Rita Hayworth sur Put the blame on Mame. Beurk et oups. Son
compagnon de scène François Berléan a été grandiose pour donner de la crédibilité à la performance, en rattrapage aux chippendales perdreaux-du-jour et leur séance de strip-tease...
Mais on est allés plus loin encore : j'ai du réprimer des hauts-le-coeur à la vue d'un coeur de cheval. C'est énorme, un coeur de
cheval. Il a été cuisiné sous nos yeux. Et le chef l'a transformé en mets délectable. De même que cette petite cervelle de cerf, extirpée de sa boîte craniène en direct et
mitonnée ensuite. Âmes sensibles changez de blog. En même temps je pense que si nous savions tout ce qui se passe avant l'arrivée de l'entrecôte dans notre assiette peut-être serions nous tous
végétariens. Bien d'autres surprises encore, mais la plus belle, celle qui m'a émue, a été la transcription musicale de saveurs et d'impressions gustatives, je vous
raconte cela tout bientôt...
Récapitulatif des articles Paris des Chefs :
2012 Humer
l'atmosphère
2012 Duo Anne-Sophie
Pic Carole Bouquet
2012 Duo Fulvio
Pierangelini Massililiano Fuksas
2011 Thierry Marx
2011 Arnaud
Daguin
2011 Mauro Colagreco
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